LE P O R T I Q U E CENTRE RÉGIONAL D'ART CONTEMPORAIN DU HAVRE
L P

Expositions

Bernard Piffaretti
Sarabande

Du 05.02.2010 au 03.04.2010

Bernard Piffaretti est né en 1955 à Saint-Etienne. Il vit à Paris et son travail est présenté par la Galerie Beaumont Public à Luxembourg, la galerie Cheim and Read à New York, la galerie Nicolas Krupp à Bâle et la galerie Miquel Alzueta à Barcelone. Bernard Piffaretti est un artiste à protocole. Élaboré partiellement à la fin de la décennie 1970, fixé dès 1986, ce protocole inchangé depuis, est devenu ce que d’aucuns appellent le Système Piffaretti. La division verticale de la toile par un épais trait de couleur en constitue invariablement le premier élément programmatique. L’image, peinte indifféremment sur l’une ou l’autre des parties, est ensuite prise pour modèle et dupliquée sur l’autre partie. Cette ultime étape achève généralement le tableau. En intitulant l'exposition consacrée à Bernard Piffaretti Sarabande, le Portique donne déjà le tempo. En effet, la sarabande est une danse ou un air grave de musique à trois temps de coupe binaire. Ainsi, comme la peinture de Piffaretti, le titre s'annonce programmatique et nous invite à rythmer notre visite, à cadencer notre regard.

L'artiste, propose des tableaux scindés, divisés et exhibant deux parties. Selon une méthode, le système Piffaretti, il détermine deux espaces au sein même d'une seule toile en traçant une ligne, jouant le rôle de frontière, de séparation. Sur l'une des parties (gauche ou droite ... le choix est aléatoire), Piffaretti compose un tableau, une peinture. Puis, la seconde partie, alors encore libre, va accueillir la reprise du motif préalablement élaboré. Ainsi, s'offre à notre regard une toile qui, bien qu'une, apparaît double et multiple. Après observation, on découvre que les traits ne jouent que l'illusion du semblable : l'analogie n'est qu'une apparence, une tromperie jouant avec le regard de celui qui réinvente et recrée la toile. La représentation est simulacre et c'est dans l'abstraction, dans la présence physique et matérielle de la peinture que se révèle le sens. La méthode Piffaretti, c'est une approche métalangagière, une manière de réinterroger la peinture, de la révéler en la dissimulant derrière un ensemble de signes. Comme la sarabande, les tableaux de Piffaretti sont divisés en deux parties. Comme la sarabande, l'exposition met en scène trois temps de l'oeuvre, trois temps de l'art : le temps du geste aléatoire, le temps du geste comme reprise dans une approche quasi-référentielle, citationnelle (mais autonome), le temps du regard qui fait le tableau. Additionnant les différences et ressemblances, le spectateur parvient alors à assembler les pièces de ce puzzle complexe : de la démultiplication des regards et des approches naît une unicité, celle de la toile et de la méthode de l'artiste qui, dans le Même, traque toujours l'Autre.